Les 10 mots essentiels du Karaté

Les 10 mots essentiels du Karaté

3 juin 2018 0 Par Denis Descamps

Frappe de karaté dans un dojo par un sensei

Imaginez… Vous arrivez pour la première fois au club de karaté et le professeur annonce : « Bonjour à tous, bienvenue au dojo, je suis votre sensei. Enfilez votre keiko-gi et nous étudierons les bases du Karate Do en voyant les différentes épreuves qui vous seront demandées à chaque kyū : nous commencerons par nous échauffer, puis nous ferons quelques Kihon, avant d’aborder le 1e Heian et son application bunkai. S’il nous reste un peu de temps, nous ferons un peu de Ju Kumite. C’est bon pour vous ? »

Bon pour vous ? Euh pas sûr… Et oui, le karaté reste avant tout une discipline née au Japon et sans la maîtrise du vocabulaire, vous serez handicapé dans votre progression, d’autant que nous avons identifié plus de… 150 termes et expressions à connaître. Et comme le dit Stéphane, conseiller technique de Karaté Expert, « je préfère que mes gars s’entraînent dur plutôt que de passer des heures à apprendre des listes de mots en japonais ». Je reconnais bien là sa sagesse (et son sens de la provocation).

Cependant, s’entraîner n’interdit de se familiariser avec les termes qui fondent l’essence du karaté et que vous allez entendre tous les jours à l’entraînement. Nous pensons qu’avec 50 termes bien maîtrisés, vous pouvez tranquillement aller jusqu’au 2e ou 3e dan sans aucun souci.

Nous vous conseillons de les apprendre rapidement pour ne pas perdre pied ni vous décourager. D’autant qu’il existe un vrai plaisir à maîtriser ces quelques mots et à les appliquer à chaque entraînement.

Pour ne pas vous noyer, nous allons vous guider pas à pas. Et si nous commencions par une liste qui regroupe les 10 mots qui nous paraissent le plus importants de connaître pour se lancer et qui vous aideront à mieux vous insérer dans votre club :

C’est parti !

 

1. Karate Do : « la voie de la main vide »

Terme fondamental qui exprime l’idée que tu t’améliores dans cet art martial en poursuivant un long chemin, une « voie » où tu progresses dans le combat à mains nues.

<< Ci-contre, les 3 Kanjis fondateurs 

  • Kara (Vide)
  • Te (Main)
  • Do (Voie)

 

2. Dojo : là où tu vas beaucoup transpirer !

C’est le lieu (« Jo ») où on étudie la voie (« Do »). Historiquement le dojo était la salle du temple religieux. Ces grandes salles ont aussi été utilisées par la suite pour l’enseignement des arts martiaux. Le dojo est un lieu où l’on progresse. Cette progression est obligatoirement supervisée et contrôlée par un sensei…

 

3. Sensei : ton nouveau patron 😉

Ce terme issu du chinois classique signifie « né en premier », il désigne en japonais « celui qui était là avant moi », un maître qui donne son enseignement à un élève. Chaque dojo est dirigé par un sensei, à qui tu dois respect et obéissance, et à qui tu achètes chaque année ta licence fédérale…

 

4. Karategi (ou Keikogi) : ton nouveau pyjama blanc 

Littéralement « la tenue d’entraînement ». En Occident, il désigne principalement la tenue utilisée pour l’entraînement aux budō (arts martiaux japonais). En judo, on parle de judogi ; au karaté, on l’appelle karategi. Même si tout le monde l’utilise, le terme « Kimono » désigne la tenue traditionnelle que portent les femmes japonaises… Préfère-lui le mot keikogi…

 

5. Kihon : ton nouveau cauchemar (linguistique)

Véritables gammes du Karaté, les kihon sont des techniques de défense, d’attaque et de déplacements que l’on répète seul. Si le karaté est une langue, ils en sont les mots de base. Ils sont également le 1er module de chaque passage de grade. Chaque enchaînement de techniques doit être répété 3 fois, avec à chaque fois un Kiai (voir plus bas). La difficulté est que l’examinateur annonce l’enchaînement des techniques avec des termes 100% japonais : il faut traduire mentalement sa demande pour la transformer en quelques secondes en un enchaînement de mouvements fluide et puissant. Intellectuellement épuisant au tout début et pendant de longues années si on ne connaît pas ces termes techniques.

 

6. Kata : à la recherche de la forme parfaite

Le Kata, l’épure, la forme parfaite…

Il s’agit de combats simulés où le pratiquant combat virtuellement et successivement plusieurs assaillants. Chaque kata comprend une série de mouvements codifiés selon une trajectoire que l’on appelle « embusen ».

Pour la ceinture noire, il faut connaître les 5 Heian  (shodan, nidan, sandan, yodan et godan) et le premier de la série des Tekkki. Au-delà de la ceinture noire, on parle de « katas supérieurs ».

En compétition officielle, les katas représentent une discipline à part entière et se pratiquent seul ou par équipes de 3. Les critères de jugement sont le respect de la forme et du rythme, la beauté esthétique et le kime (voir l’article consacré à ce mot >>). Normalement après un kata, tu dois être épuisé… car tu dois allier puissance, vitesse et souplesse pour parer chaque attaque virtuelle et neutraliser l’adversaire imaginaire que tu combats.

 

7. Bunkai : de la forme codifiée à l’assaut réel

Le mot bunkai signifie en japonais « analyser, décomposer ». Au karaté, il se réfère à l’application combat d’un kata. Chaque séquence d’un kata doit pouvoir se décomposer en un mini-combat qui reprend la forme exacte du kata.

Le bunkai est une phase essentielle du passage de grades qui exige beaucoup de préparation, de préférence avec un partenaire. En effet, le jour de l’examen, tu dois guider les attaques de ton partenaire puis démontrer au jury ta maîtrise en proposant une application combat de la phase du kata.

 

8. Ju Kumite : l’art du combat à mains nues

Le kumite est le combat conventionnel du karaté. Kumi signifie « groupe » et Te désigne « la main », ce qui implique le fait de travailler à deux et non pas de manière isolée. Il est l’art ultime du combattant.

Le kumite se pratique à deux partenaires. Les attaques et les blocages peuvent être libres ou codifiés. Le combat libre est appelé Ju kumite, et le combat codifié Kihon Ippon Kumite.

 

9. Kyū : les étapes jusqu’à ta ceinture noire

Terme d’origine japonaise, utilisé dans les arts martiaux ainsi que d’autres pratiques traditionnelles japonaises comme l’ikebana, le go ou la cérémonie du thé pour signaler les différentes étapes de la progression d’un débutant avant l’obtention d’un grade dan.

Pour faire plus simple, les kyū désignent les ceintures jaune, orange, verte, bleue et marron. A partir de la noire, on parle du 1er Dan.

 

10. Kiai : ou comment concentrer ton énergie à l’impact de la frappe

Le kiai n’est pas un cri. Pourquoi commencer par le définir par ce qu’il n’est pas ? Essentiellement parce que tous les pratiquants se voient enseigner le Kiai comme un « cri » et que selon notre vision, le Kiai est tout sauf un cri…

Si on cherche à définir le cri, on se tourne vers un dictionnaire et que nous dit-il ?

  • Son ou suite de sons émis par un animal et caractéristiques de son espèce : Imiter le cri de la chouette.
  • Son inarticulé émis par quelqu’un : Le premier cri du nouveau-né.
  • Parole, son émis par quelqu’un sous l’effet d’une émotion, d’un sentiment, d’une sensation ; hurlement : Pousser un cri de douleur.
  • Bruit produit par quelqu’un qui s’exprime en criant ; paroles brèves émises avec force par quelqu’un qui crie (surtout pluriel) : On entendait des cris dans la pièce à côté.

Il y a dans cette définition une approche animale, primale et non maîtrisée, l’expression d’une peur, d’une colère, d’un sentiment brutal et non maîtrisé. Or le Kiai est tout sauf cela. J’en veux pour preuve qu’aucun Kiai ne se ressemble (il existe autant de Kiai que de pratiquants) et que le kiai est en évolution constante. On pourrait créer le mot « Kiai Do », la voie du kiai, pour exprimer l’idée que trouver son propre kiai est un long chemin, une voie sur plusieurs années. Je pense ne pas avoir encore trouvé le mien. Après 10 ans de pratique intense.

 

Alors qu’est-ce que le kiai : voilà comment je le définirais : « la concentration de toute l’énergie du combattant au moment de l’impact ». Dans un combat, l’instinct te guide et te dit que tu as trouvé l’ouverture. La technique part, elle est pure et puissante : au moment ultime de l’impact, tu libères toute ton énergie en l’accompagnant d’un souffle puissant qui vient du ventre et qui décuple la force du coup. Voilà ce qu’est le Kiai, l’expression ultime d’un art martial parfaitement maîtrisé.

D’ailleurs si on en revient à la sémantique, Kiai (気合)  est composé des kanjis :

  • 気, qui se lit « ki», et désigne « l’énergie interne, l’âme, l’esprit, la volonté »
  • 合, qui se lit « ai» qui signifie « se rassembler, se réunir ».

On voit bien ici qu’il est question de réunir en un point spacio-temporel unique toute l’énergie dont le combattant est capable. Le sujet est si fondamental que nous en avons fait un article complet, à retrouver ici…

 

Nous espérons que cet article vous aura été utile et qu’il vous aura permis de maîtriser rapidement ces quelques termes essentiels. N’hésitez pas à nous dire en commentaire comment vous avez fait pour apprendre le maximum de termes japonais au cours de votre pratique. C’est à vous !

 

Et surtout ne lâchez rien, ni aujourd’hui, ni demain !

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