
Les 5 missions du karatéka débutant (ou confirmé)
Dans un précédent article, Karaté Expert te parlait des 7 erreurs à ne pas commettre quand on débute le karaté. Voici en contrepoint la liste des 5 missions à effectuer si tu veux progresser rapidement. Mais auparavant, j’aimerais te pousser à te poser ces deux questions. La première est : « quel karatéka suis-je ? » et la deuxième « pourquoi ai-je décidé de pratiquer cet art martial si ingrat ? »
Définis ton approche du karaté
Tout au long de ma pratique de la discipline, j’ai été impressionné par le fait que le karaté nous met à nu et, en enlevant nos fripes de ville, nos bagues, pour certains nos Rolex, efface les différences sociales. Personne ne peut se cacher et chacun se retrouve face à lui-même, face à l’autre, démuni et obligé de se surpasser. C’est ce que j’aime dans le karaté. Sa capacité à tuer l’ego.
Voilà pourquoi chacun doit se définir par rapport à la pratique : suis-je un karateka discret et modeste, qui observe avant d’oser se lancer ? Suis-je une tête brûlée qui pense maîtriser Untsu et l’ura mawashi en 3 mois ? Suis-je humble et terriblement bosseur ? Mon objectif est-il de passer la ceinture noire pour m’en vanter dans les dîners entre amis ou vois-je la ceinture noire comme le point de départ d’un formidable voyage intérieur ? Toutes les réponses sont bonnes et respectables. Mais c’est important de se poser la question pour savoir quel type d’entraînement je vais m’infliger et quelles marges de progression je me donne comme objectif ?
Cela nous amène à la seconde question : « quel est mon but ultime ? » Passer les grades et basta ! Me bouger après avoir mangé 5 fruits et légumes dans la journée ? Mesurer ma force et chercher à taper plus fort que le partenaire ? Ou s’inscrire dans la ligne martiale en voyant le karaté comme une métaphore de la vie : un chemin fascinant guidé par la recherche de l’excellence, de la progression et de l’éternelle imperfection ?
Dans quel profil te reconnais-tu ? Si au fond de toi le karaté est plus qu’un sport ou qu’un défouloir ; si tu t’es déjà lassé d’entendre les gens réagir en apprenant que tu es ceinture noire en s’exclamant : « oh je vais être sympa avec toi alors » (ignorant qu’en karaté il n’y a pas de première attaque ») ; alors oublie la suite… Mais si l’austérité du dojo te séduit en tant que lieu de travail, alors tu pourrais être intéressé par les quelques conseils ci-dessous…
1. Apprends un nouveau kata
Chaque kata a une âme, un rythme. Il est chorégraphie. Il est combat. Il est dépassement de soi. Il peut devenir un chef d’œuvre, toujours inachevé, mais si proche de la perfection. Chaque kata est un continent qui t’aide à explorer le monde du combat. Dessiner dans l’espace un kata n’est qu’un début : il faut le vivre, l’habiter et lui donner une forme énergétique unique. Maîtriser un kata est source de joie et de plénitude ; le réaliser devant un public est un défi ; le réussir en passage de grades un aboutissement.
Alors oui, apprendre régulièrement un nouveau kata est une habitude que tu dois acquérir et qui ne doit pas être forcément relié à un passage de grades, surtout depuis la réforme qui pose comme principe de choisir deux katas par niveau (1er dan / 2e dan / 3e dan / etc). Quand j’ai passé ma ceinture noire et le 2e dan, on devait connaître TOUS les katas du programme et c’était un dur labeur mais aussi une source de savoir. Quand j’ai passé le 2e dan, je connaissais 11 katas par cœur. L’autoroute express pour progresser en technique.
Mon kata favori reste Kanku Dai, le plus long de l’école shotokan, et j’adore la puissance et le souffle qu’il requiert. L’apprendre et le pratiquer ont toujours été une source de joie et de progrès. Et toi, quand apprends-tu Kanku Dai ?
2. Ose un nouvel enchaînement en combat
En combat, souvent à la fin des cours, on reste timorés et nos attaques peuvent être faiblardes ou manquer de précision. Souvent elles se limitent à une seule technique. Voire deux. Insuffisant. Les statistiques issues des compétitions internationales montrent que les assauts qui marquent des points sont ceux qui sont composés de 3 ou 4 attaques enchaînées. Alors profite de chaque séance « combat » pour tester une série de 3 / 4 attaques successives mêlant pieds et poings, et si possible, une technique difficile (coup de coude ou attaque main ouverte).
3. Demande conseil à une ceinture noire avancée
Au dojo, la timidité nous empêche souvent de solliciter l’avis ou le conseil d’un pratiquant plus gradé. Pourtant, c’est là une mine d’or et une source de progrès sans fin, car en t’inspirant d’eux, tu vas aller beaucoup plus vite en évitant les erreurs que l’on commet tous. Dans mon club, une ceinture noire 6e dan est toujours disponible après le cours pour consacrer de précieuses minutes à conseiller et corriger ses partenaires.
Si un tel exemple existe dans ton club, sollicite le et surtout applique ses conseils. Le meilleur conseil que j’ai jamais reçu ? Incapable à mes débuts de porter un coup de pied au visage, une ceinture noire m’a demandé de porter un coup de poing au visage. Je me suis exécuté et il m’a dit : « tu vois, c’est ton poing et tu en fais ce que tu veux. Ton pied, c’est pareil. Il t’appartient et tu lui dis d’aller ici » (en montrant son visage). Deux semaines plus tard, c’était réglé : je n’étais pas plus souple mais j’avais compris l’essentiel : je suis maître de mon corps et il exécute ce que je lui demande !
4. T’étirer (avant de te tirer)
Cet exemple nous amène au sujet suivant : la souplesse. Tu peux être un très bon karatéka sans être souple, aucun doute sur ce point. Toutefois, mon conseil est de t’entraîner à chaque fin de cours et si possible chaque jour chez toi. Tu verras que les limites ne sont que dans ta tête et que si tu oublies toutes tes croyances, ton corps va s’assouplir, accompagnant dans le mouvement ton esprit. Tout ton karaté va évoluer vers plus de finesse, d’adaptabilité, de subtilité et tu cesseras de porter des coups rigides, en éloignant le risque de blessure (pour toi ou pour ton partenaire).
Autre gain ? Le mal de dos sera à jamais oublié (sauf en cas de pathologie grave, bien entendu…) car la souplesse du dos est primordiale pour éviter les douleurs dans les régions lombaires. Alors, à la fin du cours, n’oublie jamais de t’étirer avant de te tirer.

5. Polir ton ego
Ah l’égo. Jeune, on en a besoin pour se forger une personnalité, se défendre et s’adapter. Mais chemin faisant, l’ego devient un poids, un obstacle à notre progrès, une source de conflit et au final, quelque chose qui nous handicape.
A ce sujet, je te conseille la lecture de cet article, qui évoque les 4 accords toltèques, un livre fondamental pour t’aider à vivre mieux, en harmonie avec les autres et avec toi-même.
A chaque cours, fixe-toi un objectif, comme par exemple :
- Ne pas parler
- Ne pas contester
- Ne pas te déconcentrer
- Ne pas donner ton avis
- Ne pas faire la blague qui va faire rire tout le monde
Ce travail se poursuivra naturellement, en dehors du
dojo, et tu verras alors des trésors apparaître dans ta vie, comme la sérénité
et le bonheur.
Et surtout, ne lâche rien, ni aujourd’hui, ni demain.
- 1Partage
1