
Ju Kumite : Ultime Combat !
Les bonnes choses ont une fin. Même sur Karaté Expert. Nous abordons ici le 6e et dernier module du passage de grades 1er dan, qui te permet d’obtenir le précieux Graal, la ceinture noire de karaté shotokan.
Ce module est particulier car il est basé sur un combat libre et donc il dépend aussi de ton adversaire, un adversaire que tu ne connais pas et qui peut être un parfait partenaire ou… le pire des combattants. Que ton adversaire soit bon ou pas, il t’appartient de prendre le lead sur le combat et d’imposer un style de combat qui ne soit ni violent ni mou. Retiens bien cela : il n’y a ni vainqueur ni perdant dans ce module car ce n’est pas un combat à proprement parler, ce n’est pas un randori où celui qui touche le plus gagne le plus de points… Non non non, ici, tu es ici jugé sur ta maîtrise émotionnelle et gestuelle, sur ta capacité à gérer la distance et le stress, sur ton bagage technique, sur ta compréhension de l’art du combat. On en reparle plus bas.
Le passage de Grades pour la ceinture noire se compose de 6 modules : le Kihon, les Katas, les Bunkaï, Kihon Ippon Kumite (combat codifié à deux), Jiuy Ippon Kumite (assauts à deux) et Ju Kumite (ou Randori, combat libre). Nous allons, au cours d’une série d’articles, étudier la totalité de ces modules, qui vous seront demandé le jour du passage de grades. Etudions ici le JU KUMITE.

Module n°6 : JU KUMITÉ (RANDORI)
Le principe : 1 combat souple afin d’examiner les qualités techniques des deux candidats. La durée de cet assaut est de 2 mn maximum.
Comment ça se passe ?
Il s’agit d’un combat maîtrisé où chacun doit démontrer toute l’étendue de son bagage technique. Un juste équilibre entre un engagement intense et le contrôle total des frappes. L’assaut commence te se termine par un salut et entre ces deux saluts, les techniques sont libres.
Sur quoi tu es jugé ?
La variété et la précision des techniques – il faut essayer de montrer un maximum de choses et développer le plus de choses possible ; coups de pied circulaires ou retournés, frappes mains ouvertes, coups de coude, déplacements variés.
Vitesse & précision – tu es jugé sur ta capacité à être dans la distance, à entrer dans de l’aire de combat et à en sortir rapidement, sur ta gestion des attaques de ton partenaire.
Ta générosité – dans cet exercice, il n’y a ni vainqueur ni perdant. Tu n’es pas sanctionné si tu reçois un coup (contrôlé) : au contraire, tu dois laisser travailler ton partenaire et lui faire de la place dans le combat.
Ce que tu dois maîtriser
Tu dois contrôler tes attaques, être dans l’énergie d’un guerrier mais ne pas considérer ce combat selon les normes d’une compétition sportive.
Ce module est un peu comme un tango. Les deux candidats ne sont pas des adversaires. Ils forment un duo qui doit dégager une harmonie et permettre à chacun de démontrer toute l’étendue de son karaté.

Le(s) piège(s) à éviter
Tomber dans l’agressivité – cette erreur serait lourdement sanctionnée Le candidat n’est pas là pour prendre le dessus sur son partenaire ou se montrer plus fort. Si tu es plus fort, ça se verra naturellement et c’est à toi de mener le combat pour tirer ton partenaire vers le haut.
Etre timoré et donc inefficace – à l’inverse, un randori mou et sans âme va vite endormir le jury et ressembler à une parodie de combat.
La vraie difficulté
Trouver le juste équilibre entre Kime et contrôle pour être en mesure de proposer un panel de techniques riches et variées.
Nos conseils
Aborder ce combat avec sérénité car tu ne peux pas, comme sur un kata ou une phase codifiée, te tromper. C’est le moment de lâcher prise et de donner le meilleur de soi-même, sans crainte ni contrainte. Surtout s’il s’agit de la dernière épreuve du passage de grades.
Important – au maximum enchaîne des séries de techniques, a minima 3. Les stats le montrent, une attaque isolé ne suffit pas pour déstabiliser l’adversaire, alors pense « série » et pas « one shot ».
Comment s’entraîner ?
En club – Normalement les clubs proposent à chaque cours (ou presque) une phase de combat libre. C’est l’occasion idéale d’apprendre à maitriser le combat souple et à tester des enchaînements originaux. Si ton club ne fait pas la part belle au Randori (combat souple), tu dois, à l’approche du passage de grades, aller dans des stages dédiés ou t’inviter dans d’autres clubs pratiquer cet exercice.
Varier les partenaires – dès que tu maîtrises l’exercice, pense à le travailler avec des partenaires différents, de sexe, morphologie, taille et niveau variés. Ce qui fonctionne avec un grand ne marchera pas forcément avec un petit. Tu dois te préparer à toutes les EVENTUALITÉS. Si cela est possible, essaie d’enchaîner 3 combats d’une minute avec 3 partenaires différents : tu verras qu’avec la fatigue, le corps prend le pouvoir et se débrouille tout seul. Grisant…
Sur Internet – Regarde aussi des combats sur YouTube, ça te donnera plein d’idées sur des enchaînements.
Comment je l’ai vécu ?
Faut que je te raconte. Quand je suis arrivé le jour de l’examen, un peu complexé et tendu, le 1er mec que j’ai vu s’échauffer était un mec hyper grand, baraqué comme un demi d‘ouverture et souple comme un gymnaste. Tout avait l’air facile pour lui et il avait manifestement un niveau bien supérieur au mien. J’ai discuté avec lui et il m’a expliqué qu’il était 5e dan dans une autre style et qu’il devait passer cet examen pour des raisons administratives liées à des questions d’enseignement. Bref, une formalité pour lui. Et bien entendu sur qui je suis tombé pour les exercices Combat avec partenaire, sur qui suis-je tombé ?
MGN : Monsieur Gros Niveau. Et bien le randori a été top car j’ai dû hisser mon niveau. Même s’il était évident qu’il était supérieur à moi, j’ai livré sans complexes l’un de mes meilleurs combats jusque là.
En conclusion ?
Collaborer et respecter – Même si c’est un combat, on travaille ensemble et on développe ensemble un beau karaté. Ici encore, pas de vainqueur pas de perdant. On gagne ensemble sa ceinture noire. L’essentiel est de montrer de la variété dans les techniques et de la maîtrise dans leur application. Ne cherche surtout pas à toucher sans être touché, ce n’est pas l’objet de cet exercice.
S’éclater – Liberté totale sur la forme, alors lâche les chevaux !
CONCLUSION GÉNÉRALE
Prépare déjà la suite…
Le karaté commence vraiment avec la ceinture noire… C’est certainement frustrant de lire ça quand on la prépare mais il faut te dire que ce sera une libération. Jusque là, tu apprends les notes et les gammes ; avec la ceinture noire, tu vas créer ta propre mélodie du combat.
Une fois ceinture noire, tu es libéré et les progrès viennent plus rapidement, un pur bonheur !

Pourquoi dire cela ? Tout simplement pour te motiver et t’aider à mettre ce passage de grades en perspective. Certes, c’est une montagne à gravir mais cette ascension est codifiée, pavée de chemins qui sont faciles à identifier. Il suffit de suivre nos conseils, regarder nos vidéos et de mettre en pratique au quotidien.
Si tu lis ces lignes, c’est que tu veux devenir quelqu’un d’autre, un homme ou une femme fier(e) de son parcours et de son statut de ceinture noire. C’est un rêve, un rêve que nous allons t’aider à devenir réalité, car comme dit mon coach Salif Palm (fondateur de I-Sport Instinct) : « le coach, c’est celui qui vous dit ce que vous n’avez pas envie d’entendre, qui vous met face à ce que vous ne voulez pas voir. Le coach, c’est celui qui vous donne les clés pour devenir celui que vous rêvez d’être ».
Alors laisse-toi guider et deviens le combattant que tu as toujours rêvé d’être !
Ressources vidéo
Avec Eric Delannoy et Manu Felice