
Ceinture noire : le Kihon sur 3 pas
Le passage de Grades pour la ceinture noire se compose de 6 modules : le Kihon, les Katas, les Bunkaï, Kihon Ippon Kumite (combat codifié à deux), Jiuy Ippon Kumite (assauts à deux) et Ju Kumite (ou Randori, combat libre). Nous allons, au cours d’une série d’articles, étudier la totalité de ces modules, qui vous seront demandés le jour du passage de grades.

Module n°1 : Le Kihon
Le principe : montrer la maîtrise de techniques simples en mouvement et la capacité à reproduire différentes attaques ou défenses sur des séries de 3 pas ou dans différentes directions.
Ce modules se divise en 3 exercices, qui vous seront demandés je Jour J :
- Le Kihon sur 3 pas en avançant et en reculant, exécuté seul
- Le Kihon multi-directionnel, exécuté seul >> voir ici
- Le Kihon avec plastron, exécuté avec un partenaire
Etudions ici le Kihon sur 3 pas
Comment ça se passe ?
Bien, super bien 😉
Le jury t’appelle en même temps que d’autres candidats et l’un des examinateurs ou un membre de la Direction Technique Départementale prend le lead. Il a toute liberté de demander la position de départ et les techniques de son choix. Par exemple, il annonce « Ju Kamae » et il faut prendre la position Fudo Dashi (position de combat, jambe gauche devant). Le jury demande alors de produire deux ou trois techniques enchainées, la dernière avec un kiai, incluant un mouvement vers l’avant. Technique à reproduire 3 fois avec à chaque fois, un pas en avant. Après 3 techniques, le jury demande un nouvel enchaînement avec kiai en reculant. Ces enchaînements peuvent n’inclure que des techniques de bras, ou que des techniques de jambes, ou mixer les deux, que ce soit des attaques ou des défenses.
Sur quoi tu es jugé ?
Une fois que tu as compris ce qu’on te demande, le 2e critère est la maîtrise technique (réussir les techniques en mouvement, en gardant une posture basse et tonique, conforme aux positions théoriques de karaté). Réussir à enchainer les déplacements tout en préparant chaque frappe et en finissant le mouvement sur la fin du déplacement en ajoutant un kiai… voilà l’objectif suprême.
Le 3e critère est le Kime… Le quoi ??? Le Kime, l’engagement et l’énergie que tu insuffles à ton karaté. On peut assimiler ça à la tonicité des mouvements et à l’énergie de l’impact en fin de technique.
Le Kiai prolonge le Kime mais ne s’y résume pas. Tout l’exercice doit être fait à 100% et chaque frappe doit être donnée comme si elle était destinée à foudroyer un adversaire.
Essentiellement ta capacité à comprendre les instructions, donc à transformer des noms des techniques (annoncées en japonais) en mouvements enchainés, sans hésiter et sans avoir trop l’air de calculer dans ta tête.
Il existe une idée très partagée selon laquelle il est préférable de savoir faire les techniques plus que d’en connaître le nom. Chez Karaté Expert, on n’aime pas bien l’idée… Tu imagines un joueur de tennis qui ne saurait pas compter les points (15 / 30 / 40 / Deuce / Jeu) ou qui ignorerait jusqu’au nom de Tie Break, qui ne sait pas quand il faut changer de côté et où se placer pour recevoir le premier point du jeu ? Il a beau avoir un coup droit dévastateur et un revers de feu, il aurait vraiment l’air d’un benêt. Et ce n’est sûrement pas ce que tu veux. Et même s’il n’est pas écrit noir sur blanc dans le règlement de la FFKDA que c’est pénalisant, on te recommande fortement de connaître le nom des techniques de base et des techniques avancées !
Ce que tu dois maîtriser

Pour la posture, une règle et une seule : la colonne vertébrale tenue et droite ; comme si un fil invisible te tirait par le sommet du crâne, ce qui te permet de descendre bas sur tes appuis. Quand tout ça est en place, ajouter une vigueur à l’exécution devient presque facile.
Ben… le nom des techniques de base (à retrouver dans l’article dédié sur le Blog en lien ici >> 10 mots essentiels du Karaté). Avec le stress, capter 3 noms en japonais, les identifier et les transformer en techniques de karaté est finalement assez complexe car cela fait appel à des capacités cognitives bien distinctes. Il faut une concentration extrême, car ça se reproduit au bout de chaque ligne droite. Et s’il y a une hésitation, ça aura un impact négatif sur la posture et l’énergie, qui sont les deux autres points sur lesquels tu ne dois rien lâcher.
Le(s) piège(s) à éviter
Sans hésiter, regarder les autres. C’est juste IN-TER-DIT. Quel que soit le doute que tu puisses avoir, ne le fais pas, ne le fais jamais ! Pourquoi ? Simple. Si tu regardes tes voisins, il y a deux possibilités. Option 1 : ils font comme toi et alors la valeur ajoutée est nulle ; en revanche, tu es en décalage sur le rythme et ça te déstabilise grave. Option 2 : ils ne font pas comme toi et là le doute t’envahit, la panique monte à bord. Qui a raison ? A ce stade, impossible de savoir. Il est probable que tu sois dans le vrai et pas eux. Imagine le trouble. Et si c’est eux qui ont raison, tu n’auras pas le temps de modifier sur 3 pas ta technique, ça va trop vite. Donc une seule approche possible : tu écoutes, tu analyses, tu décides, tu agis ! Seul et dans ta bulle.
La vraie difficulté
Connaître le nom des techniques, et savoir les exécuter rapidement, c’est réellement la clé de la réussite. Pour t’aider, nous avons produit un lexique des techniques en vidéo, qui sera bientôt disponible sur le blog dans la rubrique RESSOURCES.
Nos conseils
Ne pas hésiter à solliciter l’examinateur pour qu’il répète une fois le nom des techniques à enchaîner, pour lever un doute. Egalement, produire un karaté propre et engagé. Si une des techniques n’est pas la bonne mais qu’elle est parfaitement exécutée, le jury sera indulgent.
Comment s’entraîner ?
En club en fin de cours, demander à un gradé ou à un pratiquant qui connaît le nom des techniques de te faire enchaîner plusieurs mouvements sur 3 pas.
Chez soi ou dans les transports, en simulant mentalement la demande en en visualisant son exécution. Attention toutefois de ne pas reproduire cet exercice en Comité de Direction ou au beau milieu d’un repas amoureux. Ce n’est pas le bon endroit pour ça.
Comment je l’ai vécu ?
Mal, super mal. J’ai failli abandonner au bout des deux premiers allers/retours. Avec le stress et mon côté dyslexique, c’est vite devenu un cauchemar. D’autant que j’ai voulu regarder mes camarades. Tout ce qu’il ne faut pas faire, je l’ai fait. Heureusement, quelles que soient mes erreurs, elles se sont intégrées dans un karaté engagé, ce qui semble avoir sauvé l’affaire… Mais je n’étais pas fier.
En conclusion ?
Dans les clubs où je suis passé, c’est l’exercice que l’on travaillait le moins. C’est pourtant une discipline enrichissante et un des « UV » les plus faciles à réussir, pourvu que tu t’entraînes un peu. D’autant qu’il s’agit souvent du 1er exercice. Le réussir permet de gagner en confiance, d’évacuer le stress et d’entrer pleinement dans le passage de grades.
Et ne lâche rien, ni aujourd’hui, ni demain !
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