
Le Kiaï est-il un cri ?
La question peut sembler paradoxale ou provocatrice, dans la mesure où la définition même du mot « Kiaï » se réfère à un cri. L’article Wikepedia associé le résume ainsi : « le Kiai (mot japonais) désigne dans les arts martiaux, le cri de combat qui précède ou accompagne l’application d’une technique. Ce cri est utilisé notamment pour marquer une volonté d’action, ou bien pour perturber la concentration de l’adversaire. » Et en effet, il suffit d’entendre un Kiaï pour constater qu’il s’agit d’un cri profond et fort produit par un combattant au moment de l’impact de son attaque. Fin du débat ? Pas vraiment…
Le cri ou l’absence de maîtrise
Si on inverse l’exercice et que l’on commence par rechercher le sens et l’essence du mot « cri », on s’aperçoit qu’il s’agit d’une réaction spontanée et non maîtrisée à une émotion forte. Voici les définitions que nous avons trouvées :
- Son ou suite de sons émis par un animal et caractéristiques de son espèce : imiter le cri de la chouette.
- Son inarticulé émis par quelqu’un : Le premier cri du nouveau-né.
- Parole, son émis par quelqu’un sous l’effet d’une émotion, d’un sentiment, d’une sensation ; hurlement : Pousser un cri de douleur.
- Opinion, sentiment manifestés avec vigueur et spontanéité : Le cri de la conscience.
- Bruit produit par quelqu’un qui s’exprime en criant ; paroles brèves émises avec force par quelqu’un qui crie (surtout pluriel) : On entendait des cris dans la pièce à côté.
Analyse des Kanjis KI-AÏ
Désolé mais tout ce que je lis là ne « matche » pas avec ce que je sais du kiaï, qui est la quintessence de la maîtrise de l’énergie et du timing. Le mot, si on le traduit littéralement, se compose des kanjis « Ki » (énergie interne) et « aï » (s’unir, se rassembler). Il exprime l’idée que le combattant réunit en un même lieu & instant (celui de l’impact de sa technique) la totalité de son énergie vitale. Soit l’exact opposé d’un cri, qui ne répond à aucun critère de maîtrise. Faut-il en dire plus? Je ne pense pas… Clique ici pour trouver d’autres informations sur le Kiaï dans l’article consacré aux 10 mots indispensables du karaté.
Kiaï ne se prononce pas « Kiaï »
Beaucoup de karatéka débutants commettent cette erreur : ils essaient de prononcer le mot « Kiaï » quand on leur demande d’accompagner leur technique du fameux -kiaï- : le mot décrit le phénomène mais ne doit en aucun cas être le phonème qui émane du corps du combattant. Donc, ne cherche pas à prononcer le mot mais plutôt à éprouver l’essence de l’esprit du combat. Ne réfléchis pas à ton Kiaï ; ressens-le. Et tu verras qu’il trouvera sa forme naturelle et sera spécifique à ta pratique.
Autant de kiaïs que de karatékas
Cette première expérience t’aidera à trouver ton propre Kiaï. Quand le sensei demande des exercices avec kiaï, il est « frappant » de constater que chacun l’exprime d’une manière spécifique et différente des autres. Le kiaï se travaille et se peaufine : plus tu vas progresser dans ta pratique, plus ton kiaï sera fort, clair, puissant, efficace… et unique.
Le KIAÏ : un souffle… qui vient du ventre (et pas de la gorge)
Le Kiaï n’émane pas de la gorge mais de l’intérieur du corps et du ventre. Il est produit par le centre énergétique (le « Ki », situé dans le bas du ventre) et constitue plus un souffle qu’un cri. Un souffle… Mot qui semble si doux et discret. Nouveau paradoxe… Nous tenons cependant peut-être là l’essence du kiaï…
C’est en tous cas ce que semble en penser le maître d’armes Pascal KRIEGER >>
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