Olympique : à quel prix ?

Le karaté sera sport olympique à Tokyo en 2020 et ne le sera pas à Paris en 2024 : la belle affaire ! Pour chaque discipline, le haut niveau est indispensable : il crée des stars, des modèles, des vocations. Il inspire et permet aux jeunes de débuter, par mimétisme et l’envie de reproduire les gestes du champion. Roger Federer, modèle de longévité, affronte aujourd’hui de jeunes tennismen qu’il a inspirés quand ils étaient mômes et qui se disent incroyablement intimidés à l’idée d’affronter leur idole.

En karaté, il n’y a pas à tergiverser, ce qui attire c’est le risque, les coups et la percussion. C’est un sport de COMBAT, un ART MARTIAL et je voudrais ici m’attarder sur l’évolution de la discipline.

WARNING : avant d’aller plus loin, je tiens à souligner toute l’admiration que je porte aux jeunes karatékas qui s’entraînent dur (souvent sans sponsor) pour arriver au sommet de leur art. Donc respect ! Mon analyse ne remet pas en cause leur talent et les efforts incroyables qui sont les leurs.

Continuons…

A force de vouloir se conformer aux exigences de l’olympisme et du C.I.O, le karaté aurait-il perdu ses valeurs ? Pour apporter un élément de réponse, je me suis livré à l’analyse de 2 combats avec deux champions de deux époques : Steven Da Costa (la star de l’équipe de France) et Christophe Pinna (la légende du karaté français, qui a essayé de revenir dans la course olympique avant d’y renoncer).

Et bien les amis, y’a pas photo !

Le verdict est sans appel : le karaté moderne ressemble de plus en plus à de l’escrime où la touche prime, où la vitesse est hyper valorisée au détriment de la puissance, où les combattants n’ont quasiment plus aucun risque de K.O ou de prendre un coup. Cette mode des Ura Mawashi en fin de course est insupportable. Techniquement parfaits ; martialement totalement inefficaces (la tête touchée en bout de course sans aucun kime). Regarde cette vidéo et je te défie de ne pas t’emmerder (pardonne moi Steven, tu restes un grand compétiteur et un karatéka hors pair) : c’est juste les règles qui sont à revoir…

Analyse du combat

• 1^e attaque à la sec 42
• 2^e attaque à la sec 50
• 1’55 combat arrêté pour non combativité
• 3^e attaque à 2’19
• 4^e attaque à 2’38
• 5^e attaque à 3’44

J’arrête là : en revisionnant le combat, je suis tombé sur ce commentaire sour la vidéo Youtube : « C’est quoi cette merde ? Il ne se passe rien…Ça sautille pour rien, garde basse, si c’est ça le karaté….. Bin merde alors ! » C.Q.F.D

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Passons à Christophe Pina & David Benetello : je vous laisse regarder. Vous voyez la différence ? Pas de protection du torse (donc risque de K.O au foie). Ca démarre à 200 à l’heure, c’est puissant. Regardez ce coup au visage à 2’21 qui laisse au tapis le colosse français. Il se relève et à 2’36, il lui fait la même : le champion italien part au sol. Coups de pied retournés, balayages, attaques au corps et aux visage sans discontinuer, là on se régale, non ? À 4’29 Pina reprend un coup de pied au visage et tombe. Il se relève et repart au combat : coup de pied retourné au ventre, qui projette l’Italien sur le tatamis. Beau !

Ce n’est pas de la nostalgie, juste le constat qu’un sport de combat de haut niveau doit avant tout conserver ces 3 caractéristiques :

• Être efficace (avec le risque d’un K.O)
• Être intense (obliger les combattant à combattre en permanence)
• Être spectaculaire (sinon on s’ennuie sévère)

Donc à quoi bon devenir sport olympique si c’est pour y perdre son âme ? Le karaté devient de plus en plus athlétique mais de moins en moins guerrier. OK moi je n’irais pas affronter un colosse prêt à me manger la bouche et à me défoncer le plexus mais c’est pour ça que j’admire ceux qui entrent sur le tatamis pour en découdre, pour se battre et pas pour « toucher » l’adversaire.

Et si le fait ne pas être retenu aux J.O 2024 était pour le karaté une incroyable aubaine ?

Et toi, quel est ton avis ? N’hésite pas à nous le dire en commentaire.

NOTA : je te conseille la lecture de cet article sur Christophe Pinna qui a voulu revenir pour devenir champion olympique, preuve que les Jeux font toujours rêver. Christophe a abandonné, mais quel courage… Et si c’était au CIO de militer en faveur d’un karaté olympique pur et martial ?

Ne lâche rien, ni aujourd’hui ni demain !